Le Êzidisme (ou Yézidisme) est une religion monothéiste de Mésopotamie, mais c’est aussi un système d’organisation sociale et une manière de voir le monde. De nombreux Êzidis vivaient autour du mont Sinjar en Irak jusqu’à l’attaque du 3 août 2014 perpétrée par l’organisation État islamique. Ceux qui ont pu fuir ont d’abord cherché refuge dans la montagne de Sinjar puis dans les camps du Kurdistan irakien. Certaines familles ont pu obtenir un visa d’asile pour la France avec l’aide d’associations françaises. C’est ainsi que sont arrivées, entre 2015 et 2019 dans la Drôme, seize familles êzidies.
Cette présentation retrace les grandes lignes d'une ethnographie réalisée entre 2019 et 2023 et les questionnements qui ont mené à la préparation du livre Le collier de l'ange paon en collaboration avec le photographe Romain Rabier.
Intervention dans le cadre du séminaire « Mémoires et patrimonialisations des migrations ». Ce séminaire offre un espace de présentation et de discussion de recherches explorant les approches mémorielles et patrimoniales dans le domaine des migrations et des déplacements. Les organisatrices du séminaire proposent cette année de se centrer sur les travaux autour de la mémoire familiale (Halbwachs 1950, Muxel 1996, Lepoutre 2005 etc) au prisme des migrations. Deux aspects seront plus particulièrement explorés.
Le premier aspect traité, dans la continuité du séminaire de 2022-2023, portera sur la manière dont les déplacements, souvent décrits comme des expériences de changement, interviennent comme formes de désaffiliation et de réaffiliation donnant lieu à des transformations biographiques (politique, religieuse, sexuelle, familiale…) et de recompositions mémorielles. Ces expériences se vivent-elles seulement comme ruptures contraintes ou ouvrent-elles à des choix permettant de sortir d’une identité assignée pour en revêtir une autre, « choisie » ou non pas ou plus seulement « subie » ? Dans quelle mesure cette « sortie » engage-t-elle l’investissement dans une mémoire collective tissée de souvenirs et de représentations du passé avec lesquels les individus n’ont pas de connections antérieures ? Nous explorerons ces questions en nous intéressant plus spécifiquement aux différences de transmissions, appropriations et positionnements au sein des adelphies et leurs effets sur la mémoire de l’histoire familiale, dans un contexte migratoire. Est-elle perçue par les descendants comme une mémoire de la ou des migrations ? Et comment ces expériences de déplacement sont-elles nommées ?
Le second aspect, complémentaire, vise à explorer les absences de traces dans la migration. Comment enquêter à partir des silences, des non-dits, susceptibles de devenir des éléments heuristiques autant que des obstacles dans la recherche ? Quels rôles sont alors susceptibles de jouer les objets ? De quels types de liens (sociaux mais aussi temporels ou spatiaux) sont-il investis et par qui ? Peut-on observer des dissonances entre différents investissements ? On analysera les relations aux objets présents, comme volonté non seulement de donner à voir et à entendre ds expériences migratoires, mais aussi de faire ressentir via la mise en exposition d’expériences sensibles de la migration. Et l’on interrogera en regard les liens aux objets perdus, abandonnés, remisés ou détournés, et la nature des investissements ou désinvestissements mémoriels dont ils peuvent faire l’objet.
Séminaire du LAP/LACI, animé par
- Michèle Baussant, directrice de recherche au CNRS, CEFRES/ISP, Fellow ICM
- Marina Chauliac, anthropologue au ministère de la Culture (DRAC Auvergne-Rhône-Alpes), chercheure au LAP-LACI, Fellow ICM
- Irène Dos Santos, chargée de recherche au CNRS, URMIS, chercheure associée au LAP/LACI et Centro em Rede de Investigaçao em Antropologia (Lisbonne), Fellow ICM
- Catherine Perron, chargée de recherche, CERI - Sciences Po
- Evelyne Ribert, chargée de recherche au CNRS, LAP-LACI, Fellow ICM