En août 2014 l'organisation Etat Islamique (EI) a attaqué les Yézidis de la région de Sinjar (Irak). L'EI a tué des milliers d'hommes, kidnappé des milliers de femmes et d'enfants et poussé sur la route de l'exil des centaines de milliers de Yézidis. Les Yézidis, inconnus de l'Occident, ont fait la une des journaux, avec un focus dans la très grande majorité des cas sur les esclaves sexuelles. Les Yézidis, dans leur malheur, ont incarné pour l'Occident les victimes par excellence de l'EI. Dans un élan d'empathie et de compassion, des actions ont été mises en place en Occident par les gouvernements ou par des ONG et associations: programmes d'aide humanitaire, programmes de soutien psychologique pour les femmes ex-captives de l'EI, procédures d'accueil. La nomination de Nadia Murad ex-captive de l'EI pour le prix Nobel de la Paix s'inscrit dans cette suite d'actions. Cet article entend essayer de démêler les enjeux et les conséquences de cette visibilité nouvelle des Yézidis. Comment les Yézidis entrent-ils dans l'arène diplomatique mondiale ? Qui sont les porte-paroles? Quel rôle jouent les Yézidis en exil ? Comment émergent de nouvelles formes diplomatiques liées aux émotions du deuil et de la perte ?
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Commemoration of the Sinjar genocide, Stuttgart, 3rd of August 2019.
Translation: Estelle Amy de la Bretèque and Farhad Shamo-Roto.